Elle est parti.
J'ai perdu ma mère depuis que sa raison l'a quittée. Je ne reconnais plus dans cette petite dame aux yeux bleus perçant qui cherchent mon prénom, la belle et rassurante présence où je venez me ressourcer.
Et ces conversations presque surréalistes, sans dialogue. Et ses questions absurdes. Et mes réponses qui ne veulent pas la bousculer. Ces pauvres temps passés à chercher un petit bout de sa mère derrière la maladie. Refuser de ne plus être son enfant.
Aujourd'hui elle parle de moi au passé, il y tellement longtemps que je suis mort que je n'ai pas pu me connaître. J'étais trop petit. je dis que j'aurais bien aimé le connaître, ce fils perdu. j'attends les commentaires. Je vais peut être savoir se qu'il reste de moi mais non, le repas n'arrive pas, le radiateur est froid. Quoi, le mois d'août ?
je repars, la main de ma chérie m'emmène silencieusement. je suis triste. j'ai honte d'être triste, de parler de ma tristesse nombriliste. je me force, je me brutalise pour réinvestir ma cinquantaine.
Le téléphone sonne, mon portable :
- "papa, peux-tu me donner ton avis ?"
-"je t'écoute, mon grand."
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