Dans le ventre de maman
Nous avons cohabité
Ma petite sœur et moi
Un automne et un été.
Ah quel singulier bonheur !
Quel superbe appartement !
Loué à l'année, au mois
Selon le rythme des cœurs.
Ç'aurait pu être à Deauville
À Stockholm, Saint-Sébastien
À la montagne, à la ville
Non, c'était dans le jardin.
Un jardin très suspendu
Rempli de folles odeurs
On se baladait tout nus
Dans de grands intérieurs.
Je me souviens très très bien
De tournesols inouïs
Et de tas de souterrains
Et de villes englouties.
Ma petite sœur et moi
On se trouvait là si bien
Que l'on chantait à deux voix
Les chants les plus grégoriens.
Ah! oui, quelle joie !
Le ventre chaud de maman.
Et comme on avait la Foi
Dans la suite des événements.
Une très douce lumière
Rayonnait dans notre nuit
Comme des roses trémières
Qu'on effeuillerait sans bruit.
Ma petite sœur Élise
Savait pas encore son nom
Je l'appelais Brise-bise
Elle m'appelait Garçon.
Ah! le ventre bel et bon !
Ah! la merveilleuse tour
Où Brise-bise et Garçon
Se jouaient de jolis tours !
N'étions pas du tout pressés
De prendre l'hélicoptère.
Savions de manière innée
Qu'il faudrait pleurer sur terre.
On a dû mettre les fers
C'est maman qui nous l'a dit.
Ça marchait tout de travers
Pour sortir du paradis !
Ma petite soeur et moi
Avons, paraît-il, grandi
Mais nous restons dans l'émoi
À ces souvenirs exquis.
René DE OBALDIA
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