Elle rêve de lui,même la nuit. Pas de rêves sulfureux qui nous laissent honteux et moites le matin. Non, des rêves soyeux, des rêves de quiétude que l'on tire sur soi avec la couverture quand le jour vient trop tôt nous rappeler à l'ordre. Des rêves de regard, des rêves de parfums.
Elle rêve comme rêvent les femmes sans possession, sans soumission, juste du plaisir partagé.
Le garçon est venu lui prendre sa commande. Il est discret, distant,juste un petit sourire. Il note avec soin la cuisson de la viande, recommande un dessert,propose le café. Était-ce lui l'épaule parfumée , l'oreille duveteuse rencontrées cette nuit. Non ce n'est pas ce cou. Il était plus musclé.
Quand le taxi arrive, il est presque deux heure. Le chauffeur fatigué lui parle dans la glace. Cet oeil, ce n'est pas lui. Les cils étaient plus longs, le sourcil moins fourni. L'homme parle, s'agace de l'immobilité. Elle regarde ailleurs, à travers la buée. Le rêve est revenu. Le monde peut attendre et le compteur tourner. Il va venir, c'est sûr il vont se rencontrer. Il est là dans la ville. Elle va le reconnaître. Elle connaît tout de lui. Le pli de son genou, le lobe de son oreille, son annulaire nu.
Dans la salle le film a déjà commencé, l'ouvreuse l'accompagne jusqu'au vingtième rang. Un homme s'est levé pour céder le passage. Elle lui dit merci, il ne lui répond pas. Le parfum est trop neuf, il n'a pas subit les assauts de l'étreinte. Ce n'est pas ce parfum.
- "Tu rentres tard ma chérie"
-"J'étais en ville au ciné"
-" Qui as-tu rencontré ?"
- "Personne, je vais me coucher"
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