Nous avons déposé les manteaux dans la chambre du fond. Celle où je t'ai vu pour la dernière fois.
Nous sommes tous venus à "La maison". La maison de famille, d'amour, de dispute, de vie. La maison de mes devoirs sur la table de la cuisine, de la télé en noir et blanc, de la confiture de châtaignes, du pantalon des dimanches.
Notre maison.
Toi tu n'es plus là. Tu nous a laissé le 22 février de l'année 2002, le 22/02/02, comme si tu avais peur que l'on oublie la date. Tu avais 89 ans. Tu en avais assez. Tu l'as laissée elle aussi. Elle t'a perdu et s'est perdue. Elle est là mais n'est plus de ce monde.
Nous sommes tous venus. Noël, c'est ici.
Le plus vieux vient de loin. Il amène les vins et le Champagne. Le second un plat de viande mitonnée doucement, un plat d'hiver qui tient au corps. La première soeur a fait un gros pâté en croûte, la recette de maman. La deuxième soeur à fait une autre entrée en pâte feuilletée. Ma chérie a fait la bûche, celle de maman. Le troisième garçon a débouché le Jurançon "pour la bûche mais c'est bien aussi à l'apéro".
Les enfants sont venus avec leurs enfants. Des tous petits qui ne savent pas et qui courent partout sans voir les cadres sur la cheminée.
Dans la bibliothèque, il y a ton fauteuil où tu attendais sagement que les jours passent. Lucide, sans mémoire, tu te voyais partir trop lentement. Je me souviens de ton sourire las quand je prenais naïvement de tes nouvelles. Tu te voulais paternellement rassurant. Je me montrais dupe.
Ce soir nous boirons le champagne, ferons chanter la maison jusque tard dans la nuit.
Le Père Noël sera passé dans la bibliothèque.
Il aura poussé ton fauteuil.
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