Hier je suis allé me promener dans son jardin. j'ai posé la main sur sa pierre. Elle était froide comme son absence. Depuis quatre ans je vais le voir dans ma mémoire. Je fais revenir son sourire discret, sa main sur le bras du fauteuil, son crayon dépassant d'une revue. Pas de grands souvenirs. Que des petits bouts de presence. Son gilet bleu avec les boutons perdus. La pile de photos sans cesse feuilletée. Son regard silencieux sur les choses et les gens. Son attente sereine de la fin du chemin. Je garde au fond de moi le poid de sa dernière main sur mon épaule. Elle me dit je t'aime, elle me dit n'ai pas peur, elle me dit au revoir. Je la sens, certains soirs, me donner le courage. Pas le courage heroïque, non le petit courage de tous les jours, celui qui permet de croire que le meilleur reste à venir, que demain..... Je la sens cette main c'est mon héritage secret. Mon père puisait ses meilleurs discourts dans les silences que nous partagions. Il savait ne rien me dire avec force. Nous regardions le même paysage, les mêmes photos, côte à côte, il me donnait un livre, il me disait "regarde", il me disait "tien". Les autres mots ne venaient pas mais je les savais. Je garde ses moments comme on garde un bijoux que l'on ne portera jamais mais qui rechauffe l'âme rein qu'à le regarder.
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