Dans la rue Caulaincourt, à Paris dix huitième, il y a, il y avait, une fille aux yeux tristes qui parle aux garçons et leur vend du frisson.
Je sais, ça fait cliché, le vieux Paris en noir et blanc, les yeux tristes et les garçons furtifs mais, que voulez-vous, j'ai des souvenirs à la Cartier-Bresson, à la Doineau. J'ai croisé mille fois "les amants de l'Hotel de Ville". J'ai vu Arletty et Jouvet se dire des "douceurs". Je me fait mon cinoch' et mes livres d'images pour baliser un peu le chemin parcouru.
La fille qui dit "tu", emmène le garçon dans un hotel au nom d'un autre sciècle : "L'Exelsior". L'escalier sans tapis grince de tous ses ans jusqu'au premier étage où une grosse dame, en tablier de ménage, leur donne une serviette contre cinquante franc.
Sur les murs du couloir, la biche et le chasseur se chamaillent sans fin. Le garçon les regarde pour se distraire un peu de la croupe promise qui danse devant lui. Elle s'arrête devant la porte seize et, comme pour convaincre le garçon hésitant, lui lâche un compliment, une main lassive et prometteuse posée sur la poignée.
Les rideaux sont tirés dans la chambre aux délices. Des fleurs artificielles égayent un guéridon.
- D'abord une toilette et mon "petit cadeau".
- Ben qu'es' t'attends pour poser tout ça ? dit-elle en pinçant le plis du pantalon.
Le lavabo, deux billets dans le sac, une fille allongée qui fait un compliment, une éclaboussure de plaisir, et puis, vite les habits, la porte, le couloir, l'escalier, la rue et la tristesse et la honte et la solitude.....
Les commentaires récents