Tous les jours, quand le soleil est assez haut, elle va s'assoir dans l'abribus. Là, elle regarde passer les gens. Les siens ne sont plus là. Les jeunes sont partis elle ne sait plus vraiment où. Le vieil Auguste, lui, est làbas sous les cyprès. Il dort pour toujours. Il aimait tellement ça, dit elle en souriant. Les autres sont gentils. Un signe de la main quand ils passent en voiture. Un "bonjour" souriant quand il sont à pieds mais ils courent toujours.
- Mon âge ? je le dis plus, j'ai honte d'être encore là. A quoi ça sert ? Elle sourit encore. J'ai ma place sous les cyprès mais il a dû combiner quelque chose avec le bon dieu, l'Auguste, il veut avoir la paix encore un peu. Elle rit en chassant de sa cane une boite de coca abandonnée sur le banc.
Elle regarde passer les gens.
Je la regarde regarder.
Je me vois a sa place, regardant le monde, la vie, qui passe avec cette sourde sensation de n'en plus faire partie. J'ai peur de ce bout de chemin qu'il me faudra faire avec l'impression que l'au delà a commencé, qu'il me prépare en m'habillant de l'indiférence des autres. Ces mains qui s'agitent à l'abri derrière les vitres, me disent adieu.
La dame de l'abribus est partie ce matin dans l'ambulance des pompiers. Ma chérie lui a tenu la main en lui disant "Mais si, vous reviendrez".
Elle nous regardait.
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