- Qu'es-ce-t'as ? T'es Amoureux ?
- Ben oui.
- Je la connais ?
- Non.
- Allez, dis moi, c'est qui ?
- Tu ne la connais pas, je te dis. D'ailleurs, moi non plus je ne la connais pas.
- Comment ça ?
- Ben non, je ne la connais pas vraiment, on discute, on se parle, surtout, mais on ne s'est jamais rien dit de sérieux.
- Ah! Encore un truc simple comme je les aime.
- Enfin, des trucs sérieux, on s'en dit tout le temps mais pas sur nous. Nous parlons en général des choses, des gens et quand on parle de nous, nous faisons bien attention de ne parler que d'un seul de nous à la fois. Jamais de nous ensemble.
- Attends, c'est de la pudeur ou de la connerie, votre truc ?
- Ni l'un ni l'autre, c'est simplement parce que çà ne peut être autrement. C'est une forme de relation où l'amour n'a pas sa place, enfin, où l'amour ne devrait pas avoir sa place.
- Parce qu'il a une place, l'amour ?
- Oui, je crois que là ce n'est pas ce que l'on me demande.
- Ah, là, on te dit, "ne m'aime pas" ?
- Non, on me dit, "écoute moi, aide moi, sois là" on me dit "miroir, miroir" mais jamais "aime moi". Et moi, j'écoute, je suis là, j'aide et je m'aperçois que je m'enfonce doucement dans une dépendance à cette relation qui ressemble drôlement à quelque chose qu'on a prit l'habitude d'appeler de l'amour.
- C'est pas de l'amitié, plus tôt ?
- C'est de l'amitié tant que tu ne souffre pas d'une absence ou d'un silence qui devient vite trop long, Ça je connais, Ça j'ai. L'amitié, c'est l'amour sans désir, c'est la fraternité sans géniteurs, c'est l'absence sans souffrance, sans doute, sans angoisse, c'est le silence sans question. Mais là, il n'y a plus tout ça. Il y a le besoin de présence, d'une façon ou d'une autre, le besoin de regard…
- Ouaih, ben t'es amoureux, quoi.
- Ah, tu crois, toi aussi ?
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