Juliette ne dors pas. Elle regarde, au plafond, tourner les étoiles de la veilleuse. Elle entend, en bas les voix de sa mère et de sa tante, les rires, dans le cliquetis des verres, les bruits d'eau et un reste de musique douce.
Robert est parti. Il était venu avec des fleurs et un gâteau.
A coté d'elle, sur la table de nuit, elle regarde le paquet de bonbons qu'il a posé dans son assiette. De drôles de bonbons. Des coquillages avec du caramel dedans. Suzy s'est écriée en riant :
- Des roudoudous !
- Des vrais, c'est moi qui les ai faits.
- Vous savez faire ça, vous ?
- Ben, oui, je ne sais pas que planter des carottes.
- Excusez-moi mais j'ai du mal à vous imaginer avec un tablier devant un fourneau.
- Ma mère aussi se moque de moi.
Suzy regardait sa sœur, un coquillage à la main :
- Tu te souviens ? on les piquait chez Carlucci avant le cinéma du curé.
- Tu les piquais, moi, j'avais peur et honte.
- La peur et la honte ne t'empêchaient pas de les manger.
- Moi aussi, j'allais au cinéma du curé. Vous, c'était que pendant les vacances, je me souviens.
Ils se sont raconté pleins d'histoires, ont parlé de pleins de gens puis un peu de papa. Plus personne riait. Suzy a dit, « ça vous gène si je mets un peu de musique ? » Personne n'a répondu. Robert essuyait sa moustache. La maman de Juliette changeait les assiettes pour le gâteau. La musique n'enlevait rien au silence. Ce n'était pas du silence, c'était des gens qui ne savent plus parler de choses sans importance, quand l'absence s'invite. La petite fille a fuit se lover dans le fauteuil de la cheminée. Celui où elle « aidait » son père à finir les sudokus. Suzy a dit :
- Bon, allez, hein ? ici et maintenant.
- …
- Il est tard, je crois, je vais rentrer. Je vois que Juliette s'endort et vous devez être fatiguées
- Oh, ne faites pas attention à moi, à deux heure du matin, je serai, peut être, encore en train de regarder la télé. Suzy me gronde mais c'est le seul moyen pour m'abrutir, la nuit.
- … Vous savez … je l'aimais bien, votre mari … C'est triste, vous savez… Enfin, je veux dire… je suis triste moi aussi.
- Je sais, Robert, merci. Bonsoir.
Les commentaires récents