Suzy avait peint la grille à l'anti- rouille et les oiseaux avaient marché dedans. Ça faisait rire les enfants qui cherchaient les traces de pattes sur les dalles du jardin. Elle avait noué ses cheveux dans un tissu à roses rouges. Un tablier de rémouleur la protégeait des maladresses.
Juliette la regardait en mangeant son croissant. La matinée était bien avancée mais sa tante ne savait pas lui refuser ces petites connivences que les adultes aiment entretenir avec les enfants. Juliette le rendait bien en lui confiant quelques beaux secrets.
- Que fais-tu là à me regarder, vas jouer avec les autres.
L'enfant se dandinait en frottant ses genoux d'impatience comme pour refreiner une violente envie de faire pipi.
- où elle est, maman ?
- elle est partie au marché.
- Toute seule ?
- Non, avec Robert.
- J'aime pas Robert.
- Pourquoi ? il est gentil.
- Il est trop grand, puis trop gros, puis il a des polis partout.
- Ah, ça, c'est vrai, c'est un peu l'homme des bois. Mais, tu sais, il est adorable. Il ne faut pas juger les gens sur leur apparence. On se trompe toujours, tu sais.
- Maman, elle rit tout le temps quand il est là. On dirait qu'elle a oublié papa. Même que la dernière fois qu'on a porté les fleurs, Robert est venu. J'ai bien vu, il lui touchait le bras avec son doigt pendant qu'on faisait la prière.
- Ton papa est parti depuis deux ans et je suis sûre que ta maman ne l'oubliera jamais. Robert veut simplement la rendre heureuse et nous, il faut qu'on l'aide.
- Tu crois que maman, elle peut être heureuse pour Robert et malheureuse pour papa ?
- J'en suis sure et, maintenant, vas jouer.
- Sébastien, il veut toujours jouer au docteur, moi je veux pas parce qu'il me chatouille. Pourquoi, il faut pas le dire qu'on joue au docteur ?
- Sébastien est un petit coquin à qui je vais botter les fesses, s'il continu ses bêtises. Et toi ne te laisses pas faire. Ok ?
- Oui tata.
Les commentaires récents