Juliette aime bien dire brutalement « moi, mon papa, il est mort ». « Ça met du chagrin sur la tête des gens ». Elle le trouve tellement injuste, ce malheur. Il a fait redevenir petite sa mère qui se roule si souvent en pleurant dans les bras de sa sœur. Il a mis des photos partout qui font venir des boules dans la gorge. Des photos avec les sourires d'avant, quand papa criait « fais tes devoirs ».
Devant la mort, les grands deviennent petits et les petits deviennent grands. Juliette tient souvent la main de sa mère, le soir, quand elles font semblant de regarder la télé. Elle lui laisse croire qu'elle à peur, qu'elle est triste alors sa mère s'accroche, la serre en lui disant des mots d'espoir dans l'oreille.
Certain jours, Suzy chante, rit et court à travers la maison. Elle tente d'installer une tornade de bonheur ou de joie. Juliette et sa mère rient et chantent aussi mais le silence qui suit est presque du remord.
Hier Robert, le voisin, a ramené des châtaignes de la montagne. Il est resté toute l'après-midi pour faire la confiture. Suzy a laissé sa sœur seule avec lui en espérant que « ce gros lourdaud gentil » allait dévoiler ses espérances.
- Alors, cette confiture ?
- Elle est faite.
- Robert t'a tout bien expliqué.
- Oh, tu sais, Robert, il ne dit pas grand-chose.
- Ça, je sais mais il a quand même parlé un peu.
- Il m'a raconté que sa mère lui disait toujours, « mon pauvre petit ». ça nous à fait rire.
- Oui, ben, c'est pas gagné….
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