C'est en cherchant, dans le garage, de quoi se faire une robe de princesse que Juliette a découvert, bien plié dans son carton, le manteau du Père-Noël.
Ce jour là, elle su qu'il ne passerait plus jamais. Le soir même, à table, elle affirmait, à brûle pourpoint :
- je suis sûre que Robert, il sait pas faire le Père-Noël.
- …
- Pourquoi dis-tu ça ?
- Parce qu'il n'y a que les papas qui savent. Le mien, il était beau avec une drôle de voix.
- Mais peut-être qu'un jour, Robert aura des enfants, dit Suzy avec un petit sourire.
- Le vrai Père-Noël n'a pas d'enfant ajouta Elise pour tenter de clore la discussion.
- Le vrai Père-Noël, c'était papa, je le sais maintenant, alors.
De la colère et des larmes sur le visage de la fillette.
De la douleur chez les femmes. Cette douleur et ces larmes qui revenaient, sournoises, au coin de chaque instant de vie pour noircir les moments les plus simples et doux. Le silence et des bruits de fourchettes rageurs.
Le soir, devant la cheminée, tandis que Juliette profitait de ses derniers jours de vacances pour se gaver de dessins animés, les deux sœurs se lisaient mutuellement les articles les plus surréalistes de la presse à sensations. Leurs rires, alors, dissipaient le présent et l'absence. La nuit bientôt, reprendrait toute sa place avec son cortège de fantômes, de peur, de solitude mais de désirs aussi.
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