Ubuntu à la fenêtre (http://www.jeuxdemaux.com/photos/index.php/2005/11/04/195-ubuntu-a-la-fenetre)
Dans la cuisine, Suzy lave les légumes de la soupe.
La radio raconte les exploits du président et de son poster. Le chat dort dans la corbeille de linge propre.
Il est dix huit heure en janvier. Les jours rallongent un peu. Pas assez.
Ce soir, elle se sent seule et lasse.
Elise est partie, pour trois jours, à Paris. Des amis, de la famille à voir. De la distance à mettre. Juliette apprend « le corbeau et le renard ». Elle récite en tournant autour de la table de la salle à manger. Sa tante l'aide en commençant les vers.
L'odeur de soupe envahit la maison. De la buée s'est formée sur les vitres de la cuisine. Ce soir, il ne se passe rien. Le temps coule. La paix est là. Pas tout à fait le bonheur. La paix, la quiétude, l'impression que rien de fâcheux n'arrivera. Un de ces soirs où l'âme humaine peut se ressourcer comme sombrer dans la noirceur des plus profonds abysses.
Suzy est là, au bord de la paix, au bord de l'effroi. Elle le sent, le subit comme le naufragé, lassé de se battre, se laisse couler. Mais Juliette court et danse dans la maison. Mais le chat a mis sa pate sur le journal. Mais zazy chante dans le poste. Ce soir, au téléphone, on dira à Elise que tout va bien, que le courrier du notaire est arrivé, qu'il n'a pas gelé cette nuit. On lui dira que Robert a fini de réparer la clôture. On ne lui dira pas que la maison est vide sans elle et qu'on a peur la nuit.
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