- T'es bête et puis t'as un bouton !
- Et toi, t'es qu'une fille et les queues de cheval, j'aime pas !
Il est long le chemin de l'école quand il commence comme ça. Julien s'est moqué de Camille, pour rien, comme ça, pour rire et, peut être, parce qu'il voudrait qu'elle lui sourit tout le temps.
Julien est amoureux de Camille. Il ne le sait pas. Moi, je le sais parce que je suis grand. Lui, il sait que, quand elle est là, ça gratte dans sa gorge et les mots sortent de travers.
Camille a compris, elle. Les filles, ça comprend. Pour se protéger, il faut sentir, il faut comprendre vite et puis fouiller, tester pour voir si c'est de la gentillesse ou de la méchanceté, ce petit éclair dans les yeux des garçons.
Julien, c'est un garçon tout rond qui regarde les filles avec ses yeux marron comme on regarde la nuit du quatorze juillet en tenant fort la main de sa mère pour la peur, pour la joie, le bonheur.
Camille, elle est gracile, légère. On dirait un roseau. Elle danse en marchant. Ses cheveux se balancent. C'est un plume, une fleur aux yeux pairs.
Camille et julien vont à l'école par le petit chemin de la gare. « C'est pas plus court mais c'est caché ». Ici, on dit « CamilleetJulien » depuis la maternelle où Julien a donné son goûter à Camille parce qu'un grand l'avait poussée.
Au C.P., il lui faisait ses « S », elle lui faisait ses « 2 ».
Au CM2, Julien a parlé de Camille dans sa rédaction. Le maitre a fait rire tout le monde en lisant : « Quand j'attends Camille, j'ai peur ». Camille a pleuré.
Sur le chemin, elle courait en criant « t'es bête, t'es bête, t'es bête ». Il courait en criant « c'est pas exprès mais c'est vrai ». Les autres riaient. Aujourd'hui sur, le petit chemin, elle lui reproche son bouton, il raille sa queue de cheval pour se dire qu'ils s'aiment. Toute la journée, il mordra la lèvre au bouton. Elle oubliera de remettre son ruban après le sport.
Ce soir, ils passeront par le petit chemin de la gare, « c'est pas plus court mais c'est caché. »
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