- Nous, quel beau mot. Je n'aime pas « Je », il ferme des portes, il met de la distance entre toi et moi. Il met du vide.
Il parlait, parlait, parlait.
Elle le regardait, souriante.
Pas un sourire de plaisir, un sourire d'indulgence devant cette logorrhée qu'elle laisse s'écouler comme le mauvais sang d'une saignée. Que lui dire ? Que, pour elle, « nous » sans un peu de « Je », c'est la prison, c'est l'asphyxie ? Que lui dire ? Qu'il l'aime trop ? Mal ?
Elle le regarde, brulant, vibrant d'amour. Il parle, parle, l'inonde de son bonheur de l'aimer. Elle ne l'écoute plus, elle l'entend. Ses propres pensées viennent faire barrage. Elle ne veut pas de cette cage dorée, de cette fusion.
- Non, je ne peux pas. Tu me demandes trop. Ce « nous » exclusif tu l'as déjà connu, avec ta mère, dans son ventre. Je sais, c'était bien, c'était chaud et sûr, sans angoisse mais c'est fini. L'amour c'est toi et moi, l'amour, c'est deux, un plus un. Deux êtres qui disent « je » avant « nous ».
- Tu ne comprends pas.
- Si, je comprends que ta façon de m'aimer ne me convient pas. Elle me fait peur.
- Mais je t'aime.
- Trop.
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