Maintenant que j'y pense...

Che

Il faut s'endurcir, sans jamais se départir de sa tendresse.
[ Ernesto "Che" Guevara ]

j'ai eu peur

Moi, la première fois, j'ai eu peur.

Tu te souviens ?

Non tu ne te souviens pas puisque tu m'a oublié.

Moi, je me souviens surtout de cette peur et de ton sourire quand tu me regardais découvrir tout ce que tu me donnais à voir. Tu pesais sur moi de toute ton experience, tu te jouais de mes hésitations. Ta main qui prend ma main et la fait visiter.

Et ce sourire...tu t e souviens ?

Non, tu ne te souviens pas.

Pour moi, ma première femme nue contre moi, tout contre.

Pour toi, un petit jeune, une récré, pour le fun.

Ah, qu'il était mignon ce petit puceau.

Tu te souviens ?

Non, tu ne te souviens pas.

Le Chateau

Je suis passé, hier soir, près du chateau en ruines où nous allions nous dire des monstruosités de tendresse. Il y avait un vélo appuyé contre un mur. Je me suis arrêté pour écouter en douce des rire étouffés et des chuchottements.

Et je nous ai revus, toi et moi, sur ces pierres. Tes petits cris de chat et ton sein dans ma paume, ta jupe retroussée, mon pantalon ouvert. J'ai repris ce frisson le long de mon échine et ton odeur de fille que je ne savais pas. J'entends tes petits gros mots osés pour la première fois, je vois tes douces lèvres leur sourire, leur soif.

Derrière ces grands murs des enfants, presque grands, refaisaient tous nos gestes croyant dur comme fer avoir tout inventé. J'ai suivi mon chemin les laissant à leur trouble avec dans ma musette ton odeur et ton goût.

La bise

Je ne sais pas faire "la bise" comme ça, à la cantonnade.

Je ne sais qu'embrasser, c'est à dire nourrir ce geste de sentiment, de plaisir. Quand j'embrasse, je ne dis pas bonjour, je dis je t'aime. Bien des femmes sont surprises, dans une soirée entre amis, quand je leur tend, fermement, la main alors qu'elles s'avançaient vers moi la joue en avant comme une peinture égyptienne. Je n'arrive pas à concidérer ce contact comme anodin, je ne comprend pas que les femmes qui sont si promptes, pour la plus part, à marquer la distance, se laisse aller à se donner aussi facilement. 

Je n'embrasse que mes parents et mes amis, hommes ou femmes, quand ils viennent vers moi les bras ouverts. Je ne fais jamais le premier pas je répond à leur invite comme si j'attendais qu'ils me donnent la permission.

Je ne m'en flatte pas, je ne sais pas faire autrement. j'en souffre même parfois quand j'apprend, au détour d'une conversation que l'on dit de moi que je suis froid et distand et même un peu pêdant.

Je ne sais pas faire semblant et donner des caresses à tout le monde, parce qu'un baiser, c'est une caresse.

Plouf

Je ne sais pas vous

mais, moi, depuis

quelques jours....

Tu pleures ?

Il te disait des mots d'amour

Qui te disaient son désamour.

Il te disait des je ne t'aime pas

Avec des sanglots dans la voix.

Toi, tu le regardais se morfondre

Tu le regardais se confondre

En basses promesses.

Tu le serrais fort dans tes bras

Tu le recouchais dans tes draps

Alors, ses pleurs devenaient des sourires

Ces petits verres qui t'énivrent.

Ce matin, tu t'éveilles seule, l'oiseau à fuit

Après l'amour, après la nuit

Il dit que ce n'est pas chez toi

Que finira sa quête.

Tu pleures, tu le crois

Tu as mal à la tête.

L'été est fini

Aujourd'hui le ciel est tombé...

Y a du soleil

Aujourd'hui grand soleil sur ma campagne.

Comme l'été mais en moins chaud. Juste assez pour s'assoir dans le jardin vers 2 heure. Ecouter les oiseaux, regarder le chat boire dans la jarre et le voisin enlever les piquets des tomates.

Penser à vous, à toi, si loin, peut-être dans la grisaille.

Penser à toi, à ton coeur qui décroche.

Ici, j'ai du soleil pour deux, pour dix.

Ici, j'ai de la chaleur en trop. Si tu passais sur le chemin, juste derrière le grillage, avec ta jupe à fleurs et ton joli corsage, je te donnerais le bonjour avec un grand sourire comme l'on fait quand il fait beau.

Toi, tu n'aurais pas le temps mais tu me sourirais avec un hochement de tête. J'écouterais ton pas descendre vers le bourg. Les oiseaux reprendraient le dessus. Le voisin me parlerait des champignons qu'il a trouvés hier.

Ici j'ai du soleil pour deux, Je voudrais que tu viennes y prendre ton morceau et partir doucement dans ta jupe à ramages que je regarderais, timide, danser à contre jour.

Dans le pré de Lucien

Tu avais mis ton collier de perles noires et blanches. Ce collier à trois sous que tu aimes tellement. Ta robe te donnait des airs de friandise. Des transparences et des dentelles roses, un sourire ingénu, tu étais belle et sucrée.

C'était l'été. On mariait ta soeur dans le pré de Lucien.

Du vert partout et du soleil. Un petit souffle d'air pour tordre les chapeaux, retourner les voilettes. Les robes restent sages. Les enfants l'étaient moins qui courraient au bassin.

Le doigt sur ton collier, ta mère, grise mine : - t'avais pas autre chose ?

- Maman, je te présente mon chéri préféré. T'as vu, il est propre celui là. Belle chemise blanche, beau pantalon bleu. Pas trop bleu ?

Tu m'as tiré par la manche devant Tante Lucy maquillée de sucre glace, Tante Solange :

- Fais gaffe, elle louche. Là, elle nous regarde.

- Tu crois ?

- J'te jure.

Ton grand-père trouvait qu'on lui mettait trop d'eau dans son pastis, ou pas assez de pastis.

Dans le pré de Lucien, tu m'amenais, à travers ta famille, comme un enfant heureux, son ballon rouge à la fête foraine. Je flottais, ballotté des soeurs de ton père aux parents de ta mère. Je souriais, je balbutiais des "bonjour".

Je me sentais seul, malgré tes regards, tes sourires, ta folie à vouloir me faire aimer par tout le monde, ton monde.

Je me sentais pantin, marionnette de ton petit théâtre à être toi.

Je me souviens, alors, avoir pensé à l’autre toi. Celle qui me couche contre elle, qui me souffle ses envies aux oreilles. Celle qui me cache entre ses seins, qui m'encaverne.

Dans le pré de Lucien, je suis, tout à coup, devenu le futur gendre, l'ami de la nièce, le copain de la petite, le grand dadet qui ne sait pas se tenir.

Tu souriais, tu dansais.

J'aurais voulu savoir pourquoi.

Age

Un écrivain américain décompose la vie de l'homme (avec un petit "h) en sept étapes :

1 - piège à pédophile

2 - juste légal

3 - baisable

4 - encore baisable

5 - à peine baisable

6 - invisible

7 - mort

Je ne sais pas si je préfère pas être mort plutôt qu'invisible...