Mais si tu la connue.
Je me souvient de tes sourires quand elle passait près de nous. Tu regardais ses fesses dans son jean déchiré et tu me parlais de ses cheveux que tu trouvais trop rouges. Tu murmurais, tout bas :
- Tu crois que tout est rouge comme ça ? et tu riais, tout rouge toi aussi.
Mais si tu l'as connue.
On l'appelait la fille rouge et tu pouffais.
Je suis sûr qu'elle savait qu'on regardait ses fesses.
Elle haussait les épaules quand elle nous croisait.
Nous, les fiers, les hommes, nous arborions, alors nos sourires goguenards, presque persuadés de la tenir en joue, l'alouette.
Elle haussait les épaules comme pour s"ébrouer de notre bave.
Mais si tu l'as connue, la rouge.
Celle qui t'a gifflé, un soir, au cinéma. Il faisait noir mais je sais que c'est elle. Ce soir là, elle riait en mangeant sa guimauve et toi, t'as balancé un coup de pied à Robert.
Voilà, tu te rappelle.
Arrête de parler, comme ça, de son jean, de ses trous et du reste, tu l'as jamais touchée. Elle était bien trop belle. T'en avais bien trop peur.
Et bien,tu sais, la rouge, elle s'apelle Aline. Elle est venue passer une semaine chez sa mère. Elle doit avoir trente cinq ans, maintenant. Elle est encore plus belle que dans ses jean troués.
Nous avons bu un café en terrasse. Elle m'a parlait du cinema, j'avais raison, de nos oeillades, de tes coups de pied.
Elle riait, elle était belle.
"Vous étiez bêtes avec vos gestes dans mon dos".
"Aline, nous t'apellions la rouge à cause de tes cheveux".
J'avais envie de tout lui racconter, de me laver de nos fantasmes pour venir à elle tout neuf, tout propre. Tuer l'adolescent frileux et lui proposer l'homme, humblement, au naturel. Nous avons parler longtemps. Je lui parlais d'elle, de moi, de nous. Je lui prenais la main, elle me la laissait. même le soleil m'aidait. Je me sentait presque beau.
Elle m'a regardait tenter ma mue et, gentiment, en souriant de raison, elle à dit :
Non, je préfère garder mes souvenirs d'adolescente.
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