Dans le bas du village, il ya une maison rouge avec un gros chien devant. Il dort, souvent, à même la route. Les voitures passent en faisant un grand détour comme pour ne pas le déranger. Emilie habitait là avant.
Seul ce chien la regardait passer sans émotion.
Nous, on arrêtait le foot et sortions nos sourires sauf Jean-Pierre qui haussait les épaules. Jean-Pierre, c'est le frère d'Émilie, enfin, pas tout à fait. C'est le fils du mari de la mère d'Émilie.
C'est compliqué, les familles.
Peut être qu'il aurait bien voulu sourire, Jean-Pierre.
Un jour, je suis entré dans la chambre d'Émilie, il y avait un grand poster de John Baez à Woodstock, quand elle chantait Sacco et Vanzetti. Je lui ai dit : « tu la connais ? ». Elle a haussé les épaules. J'ai dit, en souriant, « c'est de famille » « quoi ? » « Rien ». Elle a encore haussé les épaules et puis, du silence. Je n'avais pas de mots, non plus, enfin, pas les beaux. Je regardais John Baez. J'ai touché sa main avec mon doigt pour lui dire. Elle l'a pris pour me répondre.
Les lèvres d'Émilie m'ont mouillé dans le cou puis les lèvres. Alors j'ai mis mes mains dans son dos, dans le bas, dans le creux. Elle s'est creusée un peu plus. Nos bouches se parlaient en silence. Quand j'ai rouvert les yeux, elle a mis les siens dedans. Nous avons souri. Dehors les voitures passaient en évitant le chien.
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