Ils étaient partis de très bonne heure, pour ne pas trop souffrir de la chaleur.
C'était avant les voitures modernes toutes climatisées. Ce genre d'autos avec les quelles on roule toutes vitres fermées dans une "sur fraîcheur" artificielle.
Plus d'odeur de foin coupé plus de champs de cigales et surtout plus de vent dans ses cheveux défaits.
Il s voyageaient comme cela, en silence, pas un mots. j'imagine,que la radio, diffusant les nouvelles, captait leur attention. Elle annonçait la guerre, tout là-bas, en Irlande et aussi la tempête sur la Californie.
D'un doigt nerveux, elle poussa un bouton. Une douce chanson fit oublier les larmes. Elle parlait de tendresse "pour un peu de tendresse...." Elle le regardait conduire, le front ridé par la concentration. Elle fredonnait la chanson.
- Pour un peu de tendresse....
Elle le regardait encore. Il semblait l'avoir oubliée tant il était absorbé par la conduite.
- j'aime beaucoup cette chanson.
- hmm ?
- Je dis, j'aime beaucoup cette chanson.
- ah oui, c'est qui déjà ?
- Brel
- ah oui Brel. Il est mort, non ?
- Ben oui.
- Oh, moi, tu sais , les chanteurs...
Elle éteignit la radio.
La mer était encore loin mes l'air de la fenêtre l'annonçait aux narines. Elle penchait sa tête pour le boire à plein bol. Elle sentait la joie venir avec ce vent. Elle s'allégées de bonheur. Elle se voyait bulle de savon voguant sur les coquelicots.
Ce soir dans leur grand lit, face à la fenêtre ouverte sur la baie, ils s'aimeront tout en douceur comme de tendres vieux amants. Elle le sait, elle le veut.
Demain elle lui présentera la maison de l'enfance, celle où sa grand-mère faisait le vin sucré. La maison où son père embrassait sa maman en lui disant " ma toute belle".Celle dont son papy, mourant, lui à donné les clés.
-Maintenant, je vais te dire pourquoi je t'ai traîné jusqu'ici. Tu vois ce muret, qui longe la ruelle ? et bien là, lorsque j'avais huit ans un garçon m'a embrassée avant de partir. C'était à la fin des vacances, c'était mon amoureux. Ce jour là, j'ai beaucoup pleuré. Ma grand-mère ma dit, "tu en auras un autre amoureux, et un vrai. Alors, je me suis dit : Le jour où j'aurai un autre vrai amoureux je viendrai l'embrasser là.
Ce vrai amoureux c'est toi.
Il a sourit,presque timidement, il avait l'impression de recevoir le prix Nobel de l'amour.
Une larme est tombée sur la vielle clôture.
- J'ai peur de ce que tu me dis, de ne pas être à la hauteur. Regardes, ce matin, j'ai même pas reconnu ton chanteur.
- Mais si, mais si dit-elle en lui léchant les larmes.
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