Il lui avait dit, ne m'attend pas. Elle l'a écouté. Dans la cuisine, sur un guéridon en marbre façon bistrot, il a trouvé son couvert. Sur le verre déjà rempli de vin, un post it disait : "bises, je dors."
Elle l'a écouté et il en ressent une sourde tristesse.
Mais pourquoi l'aurait-elle attendu? Pour un sourire crispé ? Un égoïste "ma chérie, je suis crevé" ?
Elle les connaît tellement ces retours à la maison. tous ces bruits familiers.
Dans la rue, la voiture qui s'arrête.
Dans l'entrée, la serviette de cuir lâchée sur le parquet, les clés jetées dans le cendrier bleu et puis le silence.
Une lettre que l'on ouvre, un "où es-tu ?" distrait et machinal car elle est forcément là.
Et bien non, ce soir, elle préfère dormir. Pas de tendre sollicitude. Pas de " oh! mon pauvre chérie" . Pas de tapis rouge déroulé sous les pas du héros. Non. Jambon purée (micro ondes) dans la cuisine.
Il se sent piètre et pitre avec sa solitude.
"Je lui est dit ne m'attend pas et elle, elle s'en va..."
Parce qu'elle s'en va. Il le sent.
Demain , à leur réveil, il sait que ce ne sera plus tout a fait le couple de la veille qui partagera la salle de bain. Il ne saura pas lui dire ce qu'il a compris de leur vie sur un simple post it. Il cherchera a préserver l'illusion. Un baiser matinal sur un front tendu machinalement, il vit cela comme une concession.Ce n'est plus de l'amour, c'est déjà de la solitude pour tous les deux.
Et puis le coup de grâce :
- "Tu es rentré tard ? j'ai rien entendu."
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