Je vois ton cendrier, tes « maïs » ton verre de vin sur le coin de l'évier. Je te vois les yeux perdus à la recherche du mot juste. Debout devant toi, la main sur ta boite. La vie me remonte à grand flots dans la gorge. De la pizza du dix huitième à ce froid mardi ensoleillé, il y a trente ans de nous qui se bousculent. Trente ans de nos misères à nos richesses, de nos défaites à nos victoires, de nos vacarmes à nos silences. Elle nous à roulés, la vie, dans sa farine, dans son sucre et dans son sel. Elle nous à liés, séparés mais n'a jamais réussi à nous casser la mémoire. Nous nous sommes toujours conservés, mutuellement un petit coin de cœur pour le jour où l'un comme l'autre en aurait besoin.
Le temps s'en revient vers moi tandis que tu t'en vas. Je nous pleure autant que je te pleure. J'ai mal à nous.
Elle pleure sur mon épaule et je voudrais lui donner ce morceau de toi que j'ai en moi mais les mots se refusent. Les gestes seulement. Je lui dis que je t'aime, elle répond « lui aussi ». Je la tiens comme j'aurais voulu te tenir. Je sens que tu t'en vas avec un peu de moi comme une grosse pierre que l'on retire d'un mur et qui le fragilise. Tes enfants me regardent. Je sais qu'ils cherchent ce que tu m'as donné. Je sais qu'ils veulent ce qu'il y a derrière mes larmes pour s'enrichir encore un peu de toi.
Alors nous parlons au présent.
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